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22 février 2009

Sherlock Holmes avait deux passions

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Sherlock Holmes avait deux passions : Le travestissement et le Dr Watson.

La première, fort respectable, était admise et partagée par un grand nombre de représentants de la bonne société londonienne. La seconde était plus rare. Il va s’en dire que le Dr Watson était un homme apprécié et estimé bien au-delà de Baker Street, mais ce n’était pas lui faire injure que de dire que jusque là, il n’avait déclenché aucun embrasement.

Mycroft Holmes, frère ainé de Sherlock holmes, avait un jour admis auprès d’un des membres de son club :

- Avant de prendre le Dr Watson pour colocataire, mon frère avait quelques vices tels que la logique, le violon et l’opium. Depuis, il est devenu dangereusement exalté. L’amour peut provoquer ce genre de chose. Dieu merci, au Diogènes Club, nous sommes à l’abri de cette sorte de maladie.

 Sherlock Holmes et le Dr Watson avaient noué ce type de relation que l’on qualifiait alors pudiquement de contre nature. Bien que tolérées, à condition bien sûr, de ne pas sortir de l’internat des publics school, ces mauvaises habitudes cessaient généralement avec l’âge, les responsabilités et un solide mariage.Chez Holmes, c’était venu sur le tard. On lui avait connu peu de relations féminines, mais à chaque fois, cela avait complètement perturbé son incroyable capacité de raisonnement. Il faut bien avouer que sa tocade pour le Dr Watson avait les mêmes conséquences.

Sherlock Holmes était d’une jalousie effroyable et absolument inconvenante. Il ne cessait de faire à notre bon docteur des scènes effrayantes qui lui faisait regretter l’inconfort des garnisons du Penjab. La rumeur de ces frasques c’était, disait-on, répandue jusque dans les boudoirs de Buckingham. En passant du vice à la passion, notre héros c'était découvert des défauts.

Le Dr Watson avait une nièce. Une jeune fille de seize ans nait dans un recoin de l’empire et qui ignorait tout des raffinements de la vie Londonienne. Il convenait donc de l’éduquer avant de l’introduire dans le monde. Dans ce but, le Dr Watson avait renoué avec l’un de ses anciens compagnons d’armes devenu surveillant général de la Young Ladies School of Westminster. Sherlock Holmes, bien que réformé, n’avait pas était dupe un seul instant de ce prétexte. Il savait ce que « vieux camarades de l’armée des Indes » signifiait. Il avait donc décidé de mettre en place une surveillance rapprochée des deux anciens draguons des Indians Scottishs Troup.

 A ce stade, rappelons que Sherlock Holmes avait deux passions : Le Dr Watson et le travestissement. Nos lecteurs les plus fidèles connaissent déjà la liste de tous les déguisements dont a usé notre héros lors de ses précédentes aventures. Passer maître dans l’art majeur de ce dissimuler sous les traits d’un autre, Sherlock Holmes possédait des comptes chez la plus part des perruquiers et des plus renommées modistes de Londres. Tous se faisaient un honneur de tenir à jour le fichier de ses mensurations.

Mrs Guff, qui fournissait en corsets à os de baleine la famille royale, avait noté que depuis un mois, Mr Holmes avait perdu deux tailles. Elle avait confié à son premier commis :

- Je crois que Mr Holmes à repris sa consommation d’opium. A moins que ce ne soit cette histoire avec le Dr Watson dont m’a parlé la première femme de chambre de la reine. Quoi qu’il en soit, il nous faut retoucher tous ses corsets pour qu’ils assurent à nouveau un parfait maintien.

Les établissements Conrad and soons, fabricants d’uniformes scolaires pour jeunes filles de bonnes familles, avaient pour leur part étaient surpris que le grand détective se déplace en personne pour venir chercher sa dernière commande. Habituellement, c’était le vieux Conrad lui même qui livrait au 221b Baker Street. Il avait été un peu chagriné de cette nouveauté.

Mais revenons à l'affaire qui nous occupe. Depuis que les des deux majors en retraite avaient repris contact, tous les matins, Holmes se levait aux aurores et quittait à pas de velours son appartement du premier étage pour frapper discrètement à la porte de la gardienne, Mrs Hudson. Pendant ce temps, le Dr Watson continuait de dormir du sommeil de l’innocent. A peine Holmes était-il rentré chez Mme Hudson qu’il s’enfermait dans une pièce muette, un débarras, que cette dernière avait fait aménager à sa demande. Mrs Hudson avait alors trente-sept minutes exactement pour préparer un solide breakfast et la lunch box de Mlle Shirley Holmes qui, toujours à la même heure, sortait du placard en ajustant ses tresses espiègles.

Et tous les matins, Mrs Hudson ne pouvait s’empêcher de demander :

- Mr Holmes, je ne peux me résoudre à croire que ce soit vous. Serait-ce donc the devil que vous cachez dans cette pièce?

C’est Shirley Holmes qui de sa voix précieuse et fluette répondait :

- Mrs Hudson, le diable a pour nom Moriarty. Pr Moriarty pour être exact. C’est le génie du mal. Le seul adversaire que je n’ai jamais rencontré qui soit à la mesure de mon intelligence. Heureusement, je l’ai à nouveau démasqué. Aujourd’hui, il se cache sous les traits d’un major, d’un raté tout juste bon à surveiller de jeunes collégiennes. C’est une lutte à mort qui nous oppose. Je suis le bien, il est le mal, l’un de nous deux doit gagner. Je serai d’autant plus acharné que cette fois, il s’en est pris à l’être qui m’est le plus cher, le Dr Watson. 

Après avoir revérifié l’ajustement de sa perruque et la justesse de sa tenue, Shirley Holmes attendait que BigBen sonnât le quart pour prendre le chemin de son collège.

Pour pouvoir intégrer en cours d’année la fameuse Young Ladies School of Westminster, Holmes s’était fait passer pour la fille du gouverneur d’un de ces confettis que l’Angleterre possédait encore dans les Caraïbes. Il avait pris prétexte d’une énième révolte pour expliquer le retour à Londres précipité de la jeune et fragile Shirley. En même temps que Shirley, une jeune fille juive dont la famille avait fuit Vienne, avait souhaité rejoindre la prestigieuse école. Ces demandes d’intégrations, alors que le second trimestre était déjà bien entamé, avaient fait l’objet de longs débats au sein du conseil. Finalement, on avait accepté les deux demoiselles et on les avait installées sur le même banc.

Depuis une semaine qu’il fréquentait la Young Ladies School of Westminster, Holmes n’avait pu trouver aucune preuve, pas la moindre évidence d’un rapprochement entre le Dr Watson et le surveillant général Murray. Par désarroi, son attention s’était focalisée sur l’horloge de la salle de permanence. Dès le premier jour, il avait remarqué qu’elle retardait de dix-sept seconde sur l’heure universelle du méridien de Greenwich. Plus son enquête patinait et plus ce hiatus temporel le perturbait. Il passait des heures assis sur son banc à fixer les aiguilles de sa montre et celles de l’horloge.

- Elle retarde.

- Pardon ? Vous l’avez également remarqué ?

- Dix-sept secondes sur Greenwich, treize sur Westminster.

- Que voulez-vous dire par treize secondes sur Westminster ?

- Je veux dire que tout le monde sait que Bigben est en avance de quatre secondes sur Greenwich. Ce fait m’était connu alors que j’habitais encore Vienne.

- Je suis depuis peu à Londres, cependant, cela n’explique pas mon ignorance sur ce point. Mon père m’a transmis le goût de l’ordre et de la ponctualité. Etes-vous sure de vous ?

- Cette avance est voulue. Vous savez que la vitesse du son dans un air à 15° est de 340 m/s. Il y a 1200 mètres entre Westminster et Buckingham. On a donc réglé le tocsin de BigBen quatre secondes en avance sur Greenwich pour que la reine soit parfaitement à l’heure. Elle ne se fie qu’au cloches de Westminster et exige que son thé lui soit servi à quatre heure sonnantes. Je vous pris de m’excuser si je raisonne encore en système métrique, mais tout ce que je dis est parfaitement exact et vérifiable.

- Brillant ! Splendide ! Shirley Holmes, enchantée de faire votre connaissance.

- Anna Freud, ravie. Votre père tirerait un grand bénéfice à consulter le mien.

- Vous pensez ? Anna, croyez-vous au coup de foudre ?

- Comment voulez-vous que je réponde à une telle question. Mais si vous voulez vraiment que notre amour dure toute la vie, promettez-moi de ne plus jamais porter de pantalons et de ne plus couper vos adorables tresses.

- C’est juré Anna. Mais je crois qu’il faut que je vous avoue deux petites choses avant.

- Pourquoi faire ? Je préfère vous présenter mon père d’abord.  

C’est ainsi que plus personne n’entendit jamais parler de Sherlock Holmes, le plus grand détective du monde. Il avait deux passions : Le Dr Watson et le travestissement.

Mrs Hudson, concierge du 221b Baker street, porta le deuil de son illustre locataire jusqu'à sa retraite. A la police, aux journalistes, elle dit que Mr Holmes traquait le diable, qu’il recherchait un certains Pr Moriarty, que c’était une lutte à mort, qu’il semblait pourtant sûr de triompher.

Quand Mrs Hudson m’a parlé du placard aménagé et du petit manège auquel Holmes se livrait chaque matin, je lui ai demandé de garder le plus grand secret.

 

Shirley Holmes et Anna Freud avait noué ce type de relation que l’on qualifiait à l’époque de contre nature. C’était tout bonnement intolérable, même au sein de l’internat d’un pensionnat de jeunes filles et même si habituellement, cela cesse avec l’âge, les responsabilités et un solide mariage. Le Major Murray dut démissionner de son poste de surveillant général de l’internat de la Young Ladies school of Westminster. Nous nous sommes rapidement installés dans le Sussex. J’ai ouvert un cabinet de médecine générale. Pour s’occuper, le Major Murray jardine. Depuis peu, je retourne à Londres suivre les cours du Dr Sigmund Freud. Il développe une toute nouvelle théorie pour soigner les maladies mentales : la psychanalyse. Nous somme un petit groupe qui nous retrouvons au prés de notre maître. J’y croise Anna, sa fille, qui assiste à chaque séance en compagnie de son amie Shirley. Shirley est particulièrement attentive et se montre brillante. Anna et elle commencent à avoir une réputation de plus en plus grande, particulièrement outre atlantique. Voilà bien une science qui aurait totalement échappée au sens logique de Sherlock Holmes.

Dr J. Watson 1903.

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